Michel Messu - Sociologue
Professeur des Universités - Docteur d’État ès lettres et sciences humaines
Ouvrages de Michel Messu
LES ASSISTÉS SOCIAUX. Analyse identitaire d’un groupe social (1991)
LES POLITIQUES FAMILIALES. Du natalisme à la solidarité (1992)
LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE. Le cas des banlieues sensibles (1997)
LA PAUVRETÉ CACHÉE. Une analyse bachelardienne du concept de pauvreté (2003)
DES RACINES ET DES AILES. Essai sur la construction du mythe identitaire (2006)
L'ESPRIT CASTOR. Sociologie d'un groupe d'autoconstructeurs. L'exemple de la cité de Paimpol (2007)
LES ASSISTÉS SOCIAUX suivi de L'ASSURANCE D'ASSISTANCE (2010)
UN ETHNOLOGUE CHEZ LE COIFFEUR (2013)
DE LA MÉTHODE EN SOCIOLOGIE (2015)
LA CONDITION SALARIALE CONTEMPORAINE. Comment penser le statut du travailleur salarié aujourd'hui ? (2016)
L'ÈRE DE LA VICTIMISATION. (2018)
CONSENTIR, OU CÉDER A LA NÉCESSITÉ (2022)
I- LES ASSISTÉS SOCIAUX. Analyse identitaire d’un groupe social
Toulouse, Éditions Privat, Collection Pratiques sociales, 224 pages (1991). Compte rendu de l’ouvrage par Didier Demazière publié dans la Revue française de sociologie, Volume 33/4, 1992. Consultable en ligne sur le Portail Persée
« L’observation sur une période de plusieurs années d’un groupe de familles ne disposant pour vivre que des prestations sociales conduit Michel Messu à dresser une typologie tout à fait originale des identités d’assistés à partir de leurs diverses stratégies d’utilisation des services sociaux.
Rompant avec les approches socio-politiques qui réduisent l’assisté au rang d’être passif, victime des institutions sociales, l’auteur met les acquis de la sociologie et de la psychologie sociale au service d’une analyse des types identitaires.
Il s’agit pour Michel Messu non de dresser un tableau concret des pratiques d’utilisation des dispositifs de l’assistance mais de proposer un cadre conceptuel permettant la compréhension de ce paradoxe pour l’éthique sociale : l’assistance engendre des assistés professionnels.
Á l’heure où les pratiques usuelles des professionnels du travail social connaissent des mutations, cet essai de sociologie de la relation d’assistance sera d’une utilité immédiate pour tous les acteurs du travail social, soucieux de mieux connaître ceux qu’ils ont pour mision d’aider. »
II- LES POLITIQUES FAMILIALES. Du natalisme à la solidarité
Paris, Éditions Ouvrières, Collection « Le social en acte », 176 pages (1992).
La politique familiale est familière. Pourtant elle manque d’évidence dès qu’on l’interroge.
En réalité, ce « social en acte » ne se manifeste qu’au pluriel. Il faut parler « des » politiques familiales. Entre les intentions des initiateurs et les réalisations actuelles, des métamorphoses n’ont cessé de s’imposer. De l’incitation démographique à la gestion des « salaires sociaux » en faveur des plus démunis –du « natalisme » à la « solidarité »- le balancier a constamment oscillé. Le livre de Michel Messu retrace les enjeux historiques des politiques familiales. Mais il retrouve aussi les enjeux théoriques qui les traversent. Enjeux, dont l’un, et non des moindres, est de comprendre à quelle forme de justice sociale elles se rattachent, en valorisant soit l’universalité (les mêmes allocations pour tous), soit la sélectivité (de plus fortes allocations pour les moins bien pourvus).
III- LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE. Le cas des banlieues sensibles
Paris, CNRS-Éditions, Collection CNRS Sociologie, 266 pages (1997).
L'État-providence est-il encore une réalité ? A l'heure où l'on s'interroge sur la crise des banlieues, sur l'exclusion, sur la violence dans les villes, il était nécessaire de recentrer l'approche de l'État sur ses réalisations effectives en matière de protection et de régulation sociales. La " crise des banlieues " est ainsi restituée à l'intérieur d'une des transformations majeures de la société française de la fin du XXe siècle : le développement des solidarités sociales. Apparaissent en effet des systèmes de valeurs et des comportements adoptés par des individus dotés de toutes les capacités stratégiques d'acteurs sociaux. Aussi, l'" exclusion ", dont l'usage analytique est plus qu'insuffisant pour comprendre les explosions de violence dans les villes, apparaît-elle comme une sorte de mythologie qui, en termes d'enjeux de théorie de notre société, interroge plus ceux qui la produisent que les mécanismes de la régulation sociale eux-mêmes. L'analyse, argumentée et démonstrative, réexamine les politiques de la ville et d'aménagement urbain.
IV- LA PAUVRETÉ CACHÉE. Une analyse bachelardienne du concept de pauvreté
La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 177 pages (2003).
Deux comptes rendus de l’ouvrage :
- par Ingrid Voléry publié dans la Revue française de sociologie, Volume 46/1, 2005. Consultable en ligne sur Cairn.info
- par Valéry Bretagne publié dans la Revue française des Affaires sociales, N°4, octobre-décembre 2004.
Les sociologues peuvent parfois être trop complaisants à l’égard de la société. C’est ce que Michel Messu développe ici. Ces historiens du moment présent sont toujours susceptibles d’être instrumentalisés par la société à laquelle ils livrent leurs travaux. Le font-ils alors consciemment ou non, pour acquérir un statut social d’expert reconnu ? Ils s’attachent notamment aux notions de “ pauvreté ” et d’ “ exclusion sociale ”. Ils tentent même d’en faire d’authentiques concepts pour expliquer et comprendre le fonctionnement réel de notre société. Pourtant ces notions sont plus qu’équivoques. À l’analyse, elles apparaîtront comme des fictions construites pour les besoins de leurs démonstrations. Ce faisant, elles vont favoriser toutes sortes d’effets sociaux —dont la mise en œuvre de politiques sociales n’est pas le moindre— qui viennent en quelque sorte réifier ces fictions.
“ Ce que veut nous dire Michel Messu dans cet ouvrage, c’est que la société, face à la pauvreté s’est en quelque sorte complue, d’abord à supposer sa disparition naturelle quand tout allait bien, d’où la nécessité de la qualifier de nouvelle en la redécouvrant, puis à la célébrer ensuite d’une façon auto culpabilisante et quelque peu masochiste dans un esprit qu’il qualifierait bien volontiers de “ judéochrétien ” quand tout s’est mis à aller mal, c’est-à-dire à partir du milieu des années 1980. Mais la critique de Michel Messu n’en reste pas là. Il veut nous dire également qu’en procédant ainsi, la société s’économise finalement la véritable interrogation sur elle- même qui ne se situe pas sur le sort qu’elle réserve aux différentes personnes qui la composent, mais plus essentiellement sur les ressorts qui la fondent. (…) Plus que d’éclairer, ces approches peuvent au contraire masquer les véritables débats. L’obsédante question de l’exclusion, exprime en creux la tyrannie de l’inclusion, des multiples inclusions auxquelles est soumis chacun. L’individualisme joue comme une force naturelle centrifuge forçant la société à inventer en contrepoint de multiples pressions centripètes. Mais ces dernières sont véhiculées par des images et par des discours. C’est peut-être cela le nouvel ordre moral, dans lequel l’exclu joue le rôle du bouc émissaire, de la victime mimétique et sacrificielle. ” - Robert ROCHEFORT, président du CREDOC
V- DES RACINES ET DES AILES. Essai sur la construction du mythe identitaire
Paris, Les Éditions Hermann, 167 pages (2006). Compte rendu de l’ouvrage par Hervé Marchal publié dans la Revue du MAUSS permanente, 29 septembre 2007. Consultable en ligne sur Journaldumaus.net. Version PDF.
Avoir une identité, c'est à la fois revendiquer des " racines " qui ancrent profondément dans une histoire familiale, dans un territoire, une aire culturelle, et des " ailes " qui permettent, parfois, de s'en affranchir et de suivre un parcours de vie singulier. Avoir une identité, c'est donc assumer aussi bien un héritage, un destin, qu'une capacité à façonner le cours des événements personnels. L'auteur propose d'analyser l'identité comme le produit d'une activité qui, à l'échelle de l'individu, s'apparente à un mythe. Pourtant, cette activité ne se conçoit qu'au sein d'un ensemble de relations et de confrontations avec les autres.
Dans cet essai, Michel Messu présente un tableau détaillé des éléments que chacun est susceptible de mobiliser pour témoigner de son identité. Ce faisant, il analyse les processus par lesquels se construit, à l'échelle de l'individu, le mythe identitaire qu'il lui faudra disputer aux autres. Car tout l'enjeu est là : comment se forger une identité singulière et personnelle sans renier son héritage ? Comment conjuguer dans son identité personnelle la part de personnalité, de spécificité propre à tout individu, et la part de général, de communautaire propre au groupe auquel cet individu appartient ?
VI- L’ESPRIT CASTOR. Sociologie d’un groupe d’autoconstructeurs. L’exemple de la cité de Paimpol
Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 190 pages (2007).
Compte rendu de l’ouvrage par Philippe Bonnin publié dans la Ethnologie française, Tome XXXIX, 2009/4, PUF universitaire de France. Consultable en ligne sur Cairn.info
Un mouvement social largement méconnu et pourtant symbole d'une époque, d'un contexte social et politique, de valeurs et de pratique de solidarité. Un mouvement social éclaté en de multiples " opérations ". L'ouvrage présente l'opération de construction des Castors de Paimpol. À partir des archives conservées par des familles de la Cité des Castors de Paimpol et d'une enquête menée auprès de certains des survivants des auto-constructeurs de la Cité, l'auteur relate les conditions dans lesquelles a été réalisée l'opération d'autoconstruction. Il apporte une analyse du contexte local et national dans lequel avait pris place cette opération. Il propose aussi une réflexion sociologique sur la pratique des " solidarités sociales " en milieu populaire, aussi bien au cours de la période de réalisation des maisons que pour les générations qui vont suivre dans cette cité.
L'intérêt de l'étude de Michel Messu est de contribuer à la connaissance d'un mouvement social qui comporte des caractéristiques profondément originales (auto régulation des rapports sociaux, auto discipline, distribution des positions de connaissance technique, administrative, etc.). Son intérêt réside aussi dans la présentation d'une réflexion théorique originale sur la notion de " solidarité ", notion largement utilisée dans les sciences sociales, la sociologie en particulier. Dans le domaine de la sociologie urbaine, comme dans celui des politiques sociales, cette étude vient donc combler quelques manques criants.
VII- LES ASSISTÉS SOCIAUX suivi de L'ASSURANCE D'ASSISTANCE
Édition revue et augmentée
Fribourg, Academic Press Fribourg, Collection "Res Socialis", Volume 35, 283 pages (2010).
Une enquête menée dans les années quatre-vingt auprès d'un ensemble de personnes "assistées" résidant dans une grande ville française. Un ouvrage publié dans les années quatre-vingt-dix qui allait en dégager les portraits de trois types d'assistés sociaux : l'assisté honteux, l'ayant droit, l'assisté scrupuleux, et tentait de cerner leurs traits identitaires. Aujourd'hui, parce que l'analyse a gardé son actualité, l'ouvrage est repris in extenso mais prolongé par une contribution originale à la compréhension de la protection sociale qui caractérise la France du début du XXIe siècle. Les assistés sociaux des années quatre-vingt avaient témoigné, pour certains d'entre eux, d'une capacité à concevoir leur situation d'assisté sous la forme d'un statut social reconnu et, somme toute, acceptable. Cela parce que certaines prestations sociales pouvaient leur assurer une réelle stabilité dans leur existence. La protection sociale contemporaine a une tout autre allure. Elle a pris la forme de l'assurance d'assistance. Elle assure à tout citoyen une garantie de protection qu'il recevra parfois sous la forme de l'assurance, d'autres fois sous celle de l'assistance rebaptisée "solidarité", bien souvent dans une combinaison des deux.
L'assurance d'assistance est la forme générale d'une protection sociale qui se pense dans les catégories de l'universel, de la dignité et de l'humanité des hommes et des femmes qui forment la communauté sociale.
VIII- UN ETHNOLOGUE CHEZ LE COIFFEUR
Paris, Librairie Arthème Fayard, (2013)
Voilà un livre qui décoiffe !
Nous aimons sentir l’odeur du shampooing, nous sommes fascinés par le bruit des ciseaux, effrayés par celui de la tondeuse, nous nous laissons bercer ou amuser par les conversations en feuilletant des magazines, et nous sommes parfois bien surpris de voir notre visage en sortant d’un salon de coiffure. Mais, plus fondamentalement, pourquoi allons-nous chez le coiffeur ?
Telle est la question simple que pose Michel Messu, qui travaille depuis de nombreuses années sur l’identité et les images que l’on a de soi. Et la réponse ne réside pas seulement dans la beauté, le plaisir ou la dimension pratique d’une coupe de cheveux. Derrière l’apparente simplicité des gestes quotidiens par lesquels nous entretenons nos cheveux, se cachent d’anciens rituels et une puissance symbolique qui expliquent en grande partie nos choix et la façon dont les grandes entreprises de cosmétiques construisent leurs produits et leur publicité pour mieux nous séduire.
Alors, entrez dans ce livre comme dans un salon de coiffure. Laissez-vous porter par ce qui s’y cache, vous en sortirez avec une nouvelle tête, et une meilleure compréhension de ce que se coiffer veut dire.
IX- DE LA MÉTHODE EN SOCIOLOGIE. Livre I - Pour une épistémologie modeste en sociologie Livre II - De la méthode sans méthodologisme
Fribourg, Academic Press Fribourg, Collection "Res Socialis", Volume 48, 305 pages (2015).
La sociologie est-elle la science du social qu'elle prétend être ? Les professions de foi autoproclamées ne sauraient suffire à établir le fait. Plus d'un siècle de débats n'a pu arrêter de conviction partagée quant au statut de cette discipline. Le méthodologisme dans lequel elle tend à verser aujourd'hui atteste plutôt d'une fuite en avant et confirme son instabilité épistémologique.
Le présent ouvrage entend reprendre sous l'angle de "la méthode" la manière de concevoir scientifiquement la sociologie. Non simplement celui des techniques méthodiques, mais celui de la démarche intellectuelle par laquelle procède toute connaissance. Ancré dans une expérience de recherche et d'enseignement de plusieurs décennies, nourri d'une réflexion continuée sur l'exercice de cette discipline, De la méthode en sociologie est un antimanuel pour pratiquer plus sereinement la sociologie.
Deux livres composent l'ouvrage : l'un, d'allure épistémologique, propose d'accorder la sociologie aux conceptions contemporaines de la science ; l'autre, d'allure expérientielle, fournit de multiples réflexions sur les méthodes en usage chez les sociologues.
X- LA CONDITION SALARIALE CONTEMPORAINE. Comment penser le statut du travailleur salarié aujourd'hui ?
Saarbrücken, Éditions universitaires européennes, (2016)
L'emploi durable, le travail épanouissant, le salaire élevé et la protection sociale assurée ont été de puissantes "mythologies" sociales qui ont façonné toute une époque. Désormais, il n'est plus question que de "crise": crise de l'emploi, du travail, de l'État providence, du rapport entre les générations, etc. Pourtant, aussi bien du côté de l'emploi et du travail que du côté des protections sociales, bien des réagencements ont déjà été opérés et bien des mutations sont toujours à l'œuvre.
La mondialisation de l'économie et sa financiarisation ont déstructuré ce qui avait été construit et imaginé à travers le mythe des Trente glorieuses. La révolution numérique poursuit cette déstructuration et crée de nouveaux mythes. Ce n'est donc plus à l'échelle locale, nationale, qu'il faut penser le changement du travail et de la protection, mais à l'échelle d'une société-monde. Ce n'est plus en termes de travail protégé, pour les uns, d'assistance, pour les autres, qu'il faut raisonner.
C'est ce que propose cet ouvrage : réexaminer le statut du travailleur salarié d'aujourd'hui afin de repenser la condition salariée contemporaine.
XI- L'ÈRE DE LA VICTIMISATION
La Tour d'Aigues, Éditions de l'Aube, (2018)
"Tous victimes ? Que nenni ! Pourtant, à se pencher sur l'actualité journalistique, il semblerait bien. À suivre les publications de sciences sociales, également. La "victime" est devenue une catégorie psychopolitique qui a donc envahi la scène de nos images mentales et phagocyté notre lexique pour dire le monde dans lequel nous vivons. Mieux, elle autorise désormais, du moins pour certains d'entre nous, à y recourir pour donner de soi une image toute chargée de positivité.
Être ou avoir été "victime", se présenter comme un "descendant" de victime, hériter des stigmates d'événements historiques producteurs de victimes, sont autant de traits que l'on peut revendiquer dans sa quête identitaire personnelle."
Ainsi, un "grand récit victimaire" est-il en passe de devenir le discours dominant d'appréhension de notre monde, en lieu et place du "grand récit" de la confrontation des classes ? Le sociologue nous interroge et nous alerte.
XII- CONSENTIR, OU CÉDER À LA NÉCESSITÉ
Paris, PUF, (2022)
Le consentement se présente comme une notion d’évidence : c’est affirmer sa volonté. Ce faisant, on dit l’inverse de ce qu’est un consentement. Le consentement relève non de l’apodictique mais de l’optatif. Consentir, ce n’est pas vouloir explicitement, mais vouloir bien, ou, comme le dit P. Ricœur, c’est se plier à la nécessité. Dès lors, on interrogera les usages sociaux dans lesquels entre cette notion. Des observations de M. Godelier relatives aux rites d’initiation dans la société des Baruyas à celles des historiens des mœurs des XIXe et XXe siècles, l’ouvrage construit la fonction discrète du consentement, notamment dans les rapports sexuels. Le rendre manifeste, comme il est exigé de nos jours, surtout lorsqu’il s’accompagne d’une telle méprise sémantique, fait donc jouer au consentement un tout autre rôle dans l’économie des échanges humains, particulièrement des échanges sexuels. Cela devient un enjeu normatif et idéologique porté par un « néo-féminisme » qui s’est écarté du féminisme des droits universels et prône un féminisme des privilèges ou des faveurs, en tout cas d’une exception discriminatoire.